Le mélanome: Tout savoir en 2023 !

Il existe plusieurs types de cancer affectant les différentes parties, organes, tissus du corps. Parmi les plus agressifs figure le mélanome, une forme de cancer qui touche la peau, plus particulièrement les mélanocytes, c’est-à-dire les cellules produisant la mélanine, le pigment responsable de la coloration de la peau et qui sert de protection contre les rayons ultra-violets. Son principal facteur de risque reste l’exposition au soleil, bien que l’hérédité et d’autres motifs entrent en jeu dans la fréquence des mélanomes de la peau. Voici tout ce que vous devriez connaître à propos du mélanome :

Définition

Un mélanome peut être défini comme étant une tumeur maligne du système pigmentaire de la peau. En effet, ce type de cancer se développe à partir des cellules de la peau responsable de la production de mélanine. Appelées mélanocytes, ces cellules qui se multiplient dans l’épiderme assurent la pigmentation de la peau pour lui donner sa couleur. Ce sont aussi ces mélanocytes qui forment les naevi qu’on appelle plus communément grains de beauté, lorsqu’elles s’amoncellent considérablement en un seul point sans être cancéreuses. Mais lorsque ces mélanocytes se multiplient de façon anarchique au point de créer une lésion (la tumeur maligne), on parle alors de mélanome.

On ne peut donc pas exactement parler de mélanome malin quand il s’agit de la tumeur cancéreuse ou de mélanome bénin quand il s’agit de grains de beauté, car le mélanome est tout simplement bénin, car il s’agit d’un cancer de la peau.

Notez que le mélanome est une forme très agressive de cancer cutané. Parmi ses particularités, il est capable de se développer dans les autres tissus autres que la peau comme les muscles et les ganglions et même de se greffer sur les autres organes, même très distants de la surface du corps comme les poumons, le cerveau ou le foie !

Épidémiologie

Le mélanome fait partie des cancers dont la fréquence augmente le plus rapidement d’année en année (10 % par an). D’ailleurs, durant les quarante dernières années, le nombre de cas a doublé tous les 5 ans alors que les autres cancers de la peau ne doublent que tous les 10 ans.

En France, comme dans d’autres pays occidentaux, on dénombre 3,45 nouveaux cas pour 100 000 personnes chez les hommes et de 6,58 nouveaux cas chez les femmes, soit 3000 à 4500 nouveaux cas par an en moyenne pour les deux sexes avec une incidence de 8 à 10 personnes sur 100.000 par an. Mais ce cancer semble toucher plus les femmes que les hommes (53 % contre 47 %).

De plus, c’est un cancer qui touche essentiellement les adultes, car l’âge moyen au diagnostic est de 56 ans, bien que l’on constate une baisse progressive de cet âge moyen. Malgré tout, il est exceptionnellement rare chez les jeunes de moins de 15 ans.

Les causes du mélanome et les facteurs de risques

De nombreux paramètres peuvent favoriser l’apparition de mélanome de la peau. Les voici :

Le soleil

La réaction de notre peau face à l’exposition au soleil constitue le principal facteur de risque de développer un mélanome. D’ailleurs, 90 % des tumeurs cancéreuses de la peau sont dues à un ensoleillement prolongé en plus de la génétique (c’est-à-dire la fragilité de la peau face aux rayons du soleil).

Les rayons ultra-violets apportent effectivement des effets néfastes sur l’épiderme, notamment à la suite d’expositions intermittentes et intenses, par exemple lorsque la personne veut se bronzer au soleil !

La couleur de peau

Mais en plus de l’exposition au soleil, sachez que la couleur de votre peau détermine aussi sa capacité à se régénérer et à filtrer les rayons solaires, ou encore la probabilité de développer un mélanome de la peau. Ainsi, les personnes avec une peau plus foncée ont 10 fois moins de chance de développer ce type de cancer de la peau que les personnes avec une peau claire.

En outre, la présence de marqueurs roux, tels que les taches de rousseur, les poils roux, les cheveux roux, auburn ou blond vénitiens, constitue aussi un facteur de risque plus élevé. Lorsque ces personnes à la peau plus blanche s’exposent de façon irrégulière ou brusque au soleil (par exemple durant les vacances), elles sont plus sujettes à développer des coups de soleil (érythèmes solaires) ou des mélanomes.

La présence de grains de beauté

La présence de grains de beauté indique une certaine capacité des mélanocytes à se multiplier considérablement, ce qui en fait un facteur de risque important de développer des mélanomes. Le risque est d’autant plus grand que les grains de beauté sont irréguliers, grands, sur un individu à peau blanche et avec des marqueurs roux.

Malgré tout, même si des grains de beauté peuvent se transformer en mélanome malin, ce genre de tumeur peut apparaître sans qu’il y ait de grain de beauté chez la personne, et c’est d’ailleurs le cas le plus fréquent (70 % à80% des patients).

La famille

Le fait d’avoir des proches ayant déjà développé des mélanomes représente un autre facteur de risque, notamment chez 10 % des cas recensés. On parle alors de prédisposition génétique, car certains gènes sont impliqués dans ce processus de transmission, comme ce qui est le cas du gène CDKN2A. Dans une même famille, les sujets présentant une mutation sur un de ces gènes identifiés affichent un haut risque de développer un mélanome.

La génétique

La génétique est donc un facteur de risque de mélanome. En effet, la stabilité du capital génétique du mélanocyte est importante, car certaines personnes ont la chance d’avoir des mélanocytes plus résistants et plus stables. Ces cellules seront alors plus aptes à gérer des mutations ponctuelles malgré les expositions solaires. Ce qui n’est pas le cas d’autres individus dont le capital génétique est moins stable entraînant l’accumulation de mutations dans les mélanocytes qui vont se multiplier de façon anarchique !

Les différents types de mélanome

Selon la localisation de la tumeur ou bien son aspect visuel, on distingue généralement quatre types de mélanomes :

Le mélanome superficiel extensif

Ce type de tumeur a l’aspect d’une tache ou d’un grain de beauté à la forme et à la taille irrégulières. Au début, elle est plate et non palpable avant d’évoluer plus ou moins rapidement pour présenter un petit relief. Sa couleur peut être noire, marron, rouge ou identique à celle de la peau normale (mélanome achromique). Notez qu’il s’agit de la forme la plus commune retrouvée chez les patients souffrant de ce type de cancer de la peau, c’est-à-dire dans 70 à 80 % des cas.

Le mélanome nodulaire

Cette fois-ci, la tumeur se présente comme une saillie arrondie de consistance ferme. Elle peut avoir une couleur noire ou être non colorée (mélanome achromique). Leur croissance est rapide et elles peuvent s’ulcérer, suinter, saigner ou se recouvrir d’une croûte. Les mélanomes nodulaires constituent 5 à 20 % des cas.

Le mélanome de Dubreuilh

La tumeur s’apparente à une tache de vieillesse d’une couleur allant du noir au marron foncée. Cette tache pigmentée se développe assez lentement, mais surtout sur les parties du corps exposées au soleil (comme le visage) des personnes âgées.

Le mélanome acral-lentigineux

Cette forme de mélanome de la peau a l’aspect de taches brunes ou noires avec des contours irréguliers lorsqu’elle se forme sur la paume de la main ou la plante des pieds. Mais ont peut aussi l’observer sur les zones de la peau non exposées au soleil ou bien sur les ongles (mélanome de l’ongle) avec l’aspect de bande noire supérieure à 6 mm de large et à la pigmentation irrégulière.

Évolution de la maladie

Tout comme avec d’autres cancers, le mélanome peut engendrer des métastases dans tout le corps. Par la voie lymphatique, les cellules affectées peuvent se multiplier jusque dans les ganglions lymphatiques afin d’entraîner des métastases ganglionnaires dans le cou, au niveau des aisselles ou de l’aine.

Par voie sanguine, les cellules cancéreuses peuvent aussi atteindre d’autres organes à distance comme les poumons ou le foie, et même le cerveau !

Diagnostic du mélanome

Pour reconnaître un mélanome, le dermatologue devra d’abord examiner sa taille, sa couleur, son aspect avant de faire un prélèvement sur la lésion pour mieux examiner les mélanocytes au microscope. Cet examen appelé dermoscopie aide aussi à connaître le degré de pénétration de la lésion en profondeur pour évaluer son évolution.

De par l’aspect visuel de la tumeur, le dermatologue va l’évaluer à partir d’une règle appelée « ABCDE » : A pour Asymétrique, B pour Bords irréguliers, encochés et polycycliques, C pour la couleur généralement inhomogène (du brun clair au noir foncé, même si certains mélanomes sont achromiques), D pour le diamètre sachant qu’une tumeur a une taille supérieure à 6 mm, et E pour évolution, car la tumeur peut changer de taille de couleur, d’épaisseur et de forme au fil du temps.

Notez qu’il est important de consulter rapidement lorsqu’on remarque un grain de beauté ou autre tache inhabituelle de par sa couleur, son aspect, sa forme, sa taille. En outre, comme un mélanome change constamment de taille et de couleur, il est important de consulter pour toute lésion brune, noire, ou rougeâtre, qu’elle ressemble ou non à un grain de beauté et qui grossit rapidement. Cette lésion suspecte doit alors être retirée chirurgicalement, par une biopsie-exérèse pour être analysée au microscope.

Puis, le médecin mesurera son épaisseur par l’indice de Breslow, un moyen permettant de détecter un éventuel envahissement dans les ganglions lymphatiques. Cette indice permet donc d’évaluer l’importance de la tumeur et son degré d’agressivité : plus une tumeur est épaisse, plus elle est agressive et capable d’envahir plus rapidement la peau en profondeur et en direction d’autres organes.

Hormis l’aspect visuel de la tumeur, le médecin doit également l’inspecter pour déterminer si elle est ulcérée. Celle-ci indique effectivement un désordre dans la multiplication des mélanocytes et donc la présence d’un cancer.

D’autres examens d’imagerie aideront aussi à évaluer l’extension du cancer pour déterminer sa présence dans les ganglions lymphatiques entre autres.

Traitement

Le traitement d’un mélanome même débutant passe généralement par une opération chirurgicale.

Si la tumeur est localisée

Celle-ci consiste à retirer complètement la tumeur avec une partie de la peau saine environnante. En effet, le chirurgien devra procéder à une biopsie-exérèse complète de la lésion avec une zone saine de 1 à 2 cm autour de la tumeur comme marge de sécurité.

Le médecin procédera ensuite à un examen anatomo-pathologique pour affirmer le diagnostic et vérifier l’épaisseur de la tumeur via l’indice de Breslow.

Il se pourrait aussi qu’une autre intervention soit effectuée pour retirer une zone plus large en guise de marge de sécurité complémentaire (reprise d’exérèse). Puis, la plaie sera refermée avec des points de suture ou, si elle est plus large, on procédera à une greffe cutanée…

En plus de cette opération, à ce traitement pourraient s’ajouter la chimiothérapie, la radiothérapie ou encore l’immunothérapie.

Si la tumeur n’est pas strictement localisée

En plus de l’opération précédente, une autre intervention chirurgicale sera effectuée pour retirer les ganglions en cas d’atteinte ganglionnaire (clinique ou microscopique). C’est ce qu’on appelle un curage ganglionnaire. Il peut être systématique, mais dans ce cas, la procédure n’apportera aucun bénéfice supplémentaire.

Il est par contre possible de prévenir les atteintes ganglionnaires au moyen de ce qu’on appelle l’interféron, un stimulant de l’immunité prescrite pour une période de 18 mois environ afin de contrer le mélanome. Seul problème, le patient devra supporter des effets secondaires terribles tels que le syndrome pseudo-grippal, la baisse des performances physiques et intellectuelles, la fatigue chronique, etc. C’est pourquoi ce traitement du mélanome n’est pas systématiquement proposé par les spécialistes. Il faudra d’abord discuter avec le patient en lui expliquant les pour et les contre…

Si le mélanome est inaccessible à la chirurgie

Si le mélanome est inopérable ou a évolué à une distance considérable de la peau, le spécialiste préconisera la chimiothérapie en guise de traitement avec comme agent anticancéreux le déticène, la fotémustine ou encore la vindésine, le carboplatine et le taxol.

Ce traitement sera effectué mensuellement afin de limiter les effets secondaires : moins de risque de déticène (pertes de cheveux) et autres manifestations gênantes, à part la diminution des cellules sanguines sans apporter de conséquences graves sur la santé du patient.

Dans certains cas, la radiothérapie est également recommandée.

Le suivi durant et après le traitement d’un mélanome

À part votre médecin traitant, de nombreux professionnels spécialisés dans différentes branches de la médecine (dermatologie, chirurgie, oncologie, pathologie, immunologie, psychologie, etc.) doivent vous suivre afin de s’assurer que le traitement reste efficace. Ils vous fourniront également le soutien dont vous aurez besoin, notamment psychologique, mais ils veilleront aussi sur votre état de santé à travers des examens réguliers, des pesées, un accompagnement social, etc.

Ce suivi reste aussi important afin de dépister l’éventuelle apparition d’un autre mélanome cutané et de s’assurer que la plaie n’a pas développé de métastases pouvant affecter les autres organes. En effet, la prédisposition et l’exposition aux facteurs de risque restent présentes chez les patients, si bien que la peau devra être examinée régulièrement par le dermatologue pour s’assurer qu’il n’y a pas de récidive. Pour cela, il se servira de la dermoscopie et de photos du ou des mélanomes opérés.

Au moins 4 fois par an, ces professionnels procéderont aussi à une surveillance ganglionnaire en palpant la zone, ou dans certains cas, à une échographie ganglionnaire ou hépatique, ou encore à un scanner thoracique pour s’assurer qu’il n’y a aucune métastase.

Pour le suivi des mélanomes inopérables

Tous les trois mois, les professionnels feront un bilan clinique afin de déterminer si l’évolution du cancer (s’il s’est stabilisé, a régressé ou s’est développé). Selon les résultats, le traitement sera modifié ou maintenu tel qu’elle.

Piste d’avenir dans le traitement du mélanome

Les recherches médicales pour le traitement du mélanome s’avèrent très poussées afin de repérer de nouvelles pistes permettant d’aboutir à des essais cliniques dans l’espoir de guérir rapidement de la maladie. Ainsi les patients souffrant d’un mélanome avec atteintes à distances peuvent être sollicités pour participer à ces essais afin d’évaluer l’efficacité d’un nouveau traitement.

Pour l’instant, deux domaines figurent parmi les plus grandes pistes des chercheurs :

L’immunothérapie

L’immunothérapie est une forme de thérapie ayant pour but de développer les défenses immunitaires du patient afin de mieux traiter la tumeur. Pour cela, le docteur peut avoir recour à :

Des vaccins visant à stimuler les cellules immunitaires qui pourront à leur tour détruire les cellules affectées.

Des transferts cellulaires consistant en des prélèvement de cellules immunitaires du patient qui seront stimulées pour être plus performantes avant d’être réinjectées dans l’organisme du patient.

La stimulation de la production de cellules dendritiques qui peuvent aider les défenses de notre corps à identifier les cellules tumorales comme étant des agents pathogènes.

Des médicaments qui inhibent notre capacité à contrôler notre immunité naturellement afin de la renforcer. De cette manière, nous serons plus aptes à distinguer la tumeur et à la rejeter.

La thérapie dite ciblée

Celle-ci consiste en la fabrication de médicaments capables de nuire à un mécanisme spécifique de la cellule cancéreuse. Par exemple, lorsqu’on identifie une mutation dans un gène entraînant un emballement d’une voie de transmission qui va favoriser la croissance de la tumeur ainsi que la formation de métastases, il faudra fabriquer un médicament capable de bloquer cette voie de transmission. Mais il s’agit encore d’une forme de thérapie en phase d’exploration, même si certaines cibles ont déjà été trouvées comme B-RAF ou encore les kinases.

En tant que piste dont l’efficacité n’a pas encore été prouvée, les essais ne sont effectués que dans des centres spécialisés sur des volontaires avec des mélanomes inopérables ou avec atteintes à distance.

Prévention du mélanome

L’exposition au soleil étant le principal facteur de risque, il est important de ne pas rester sous les rayons solaires de manière intermittente ou brusque. Par exemple, les « séismes solaires », c’est-à-dire les périodes alternées entre pas d’exposition et des expositions brutales peuvent générer des coups de soleil témoignant d’une fragilité de la peau, mais aussi du danger que représentent ces rayons solaires intenses.

Les personnes à risque (avec la peau claire et ayant des marqueurs roux) figurent parmi les plus vulnérables aux rayons UV, car l’exposition au soleil provoque chez eux une pigmentation entre bronzage inefficace et début de brûlure…

Mais il existe aussi des zones de peau à risque selon le sexe : ainsi, les hommes sont plus sujets à développer une telle tumeur dans le dos, tandis que chez les femmes, les jambes sont les parties les plus vulnérables.

Parmi les autres personnes classées à risque, il y a les prédispositions génétiques, mais aussi la présence de grains de beauté sur le corps.

De ce fait, si vous figurez parmi les personnes présentant un haut risque de développer un tel cancer de la peau, vous devriez penser à :

  • Éviter les expositions prolongées au soleil.
  • Protéger votre peau du soleil avec une crème anti-UV entre autres.
  • Rester vigilant en allant régulièrement chez le dermatologue pour surveiller vos naevi ou grains de beauté.
  • Surveiller l’état de vos proches en cas de prédisposition génétique en faisant régulièrement un dépistage annuellement par exemple.
  • Ne pas hésiter à demander l’avis d’un spécialiste (un dermatologue en l’occurrence) en cas d’apparition de tache ou de bouton méconnue ou en cas de changement dans la taille, la forme ou la couleur de vos grains de beauté.
  • Ne pas oublier la règle ABCDE pour surveiller vous-même votre peau (Asymétrie, Bord, Couleur, Dimension, Évolution) et vos grains de beauté.

Mais même si vous ne figurez pas dans la liste des personnes à risque, vous devrez également rester vigilant. N’oubliez que plus tôt un mélanome est détecté, mieux il pourra être traité plus facilement. En effet, malgré le fait qu’il s’agisse d’une forme de cancer dangereuse et agressive, il est possible d’en guérir lorsqu’on le détecte assez tôt.