L’endocardite: Tout savoir en 2023 !

Le cœur est un organe essentiel de notre corps ; c’est le moteur du système cardio-vasculaire. Il joue un rôle de pompe, assurant ainsi la circulation du sang et l’irrigation de l’ensemble des organes de l’organisme. Un mauvais fonctionnement du cœur entraînerait inévitablement des problèmes au niveau des autres organes. Parmi les maladies qui peuvent toucher le cœur, on distingue l’endocardite, qui est une affection assez rare mais qui n’en demeure pas moins dangereuse.

Endocardite : qu’est-ce que c’est ?

L’endocardite est une inflammation de l’endocarde, une membrane qui recouvre l’intérieur du cœur. Elle est plutôt rare mais peut être assez grave. Elle touche essentiellement les valves cardiaques. Elle peut entraîner la formation de lésions, d’ulcères ou de perforations, ou l’apparition de végétations. Cela a pour conséquence d’entamer l’étanchéité de la valve et d’entraver le bon fonctionnement du cœur.

Pour le cas d’endocardite infectieuse, elle est due à la prolifération de bactéries ou de champignons dans le sang (bactériémie ou fongémie) pour atteindre le cœur et se fixer sur l’endocarde en formant des grappes. Ces amas de bactéries peuvent entraver l’arrivée du sang dans le cœur et sa distribution dans tout l’organisme.

Il est à noter que l’endocardite, même infectieuse, n’est pas contagieuse.

Quels sont les différents types d’endocardite ?

L’endocardite peut être d’origine infectieuse ou non infectieuse :

  • Les endocardites non infectieuses sont les plus rares. Ce sont notamment :
    • L’endocardite de Libman-Sacks qu’on appelle également endocardite lupique. Comme son nom l’indique, elle a pour origine un lupus érythémateux disséminé (LED) qui est une maladie systémique auto-immune chronique, touchant plusieurs organes, y compris le cœur.
    • L’endocardite marastique : elle est liée à l’affaiblissement et à l’amaigrissement d’une personne à cause de l’âge avancé ou d’une longue maladie comme la tuberculose, la pneumonie, les cancers, etc. Elle peut engendrer la formation de végétations thrombotiques pouvant entraîner des emboles dans le cerveau, les reins, la rate, les membres, etc.
    • L’endocardite fibroplastique de Loeffler : elle est souvent associée à la maladie de Kimura, mais également à un syndrome hyperéosinophilique idiopathique, à une leucémie chronique éosinophile, à un carcinome ou à un lymphome.
  • Les endocardites infectieuses :
    • Elles peuvent être subaiguës, on parle également d’endocardites d’Osler. Elles s’installent sur une longue période, en l’occurrence plusieurs semaines.
    • Il peut également s’agir d’endocardite infectieuse aiguë, dont l’installation est plus rapide, c’est-à-dire quelques jours.

Quelles sont les principales causes des endocardites ?

Les causes peuvent varier selon le type d’endocardite dont il s’agit : infectieuse ou non infectieuse.

Pour l’endocardite infectieuse, la principale cause est la bactérie, et dans des cas plus rares, le champignon. Il peut s’agir de bactéries présentes naturellement dans différentes parties du corps, notamment la bouche, les voies respiratoires et l’intestin, qui à cause de microlésions, vont passer dans le sang et finissent par atteindre le cœur.

Les bactéries les plus fréquentes sont les streptocoques et les staphylocoques, mais d’autres types peuvent également être concernés. Pour ce qui est des champignons, ce sont essentiellement des Aspergillus et des Candida.

La porte d’entrée, c’est-à-dire le lieu où le germe pénètre dans l’organisme peut être due à une blessure de la peau ou d’une muqueuse, un problème digestif, des infections urinaires ou génitales, une infection ORL chronique, etc.

Quels sont les symptômes de l’endocardite ?

Les manifestations suivantes peuvent se constater chez les malades :

  • Les symptômes les plus fréquents sont ceux de la grippe et des maladies d’origine virale en général : fièvre, pâleur, fébrilité, frissons, transpiration, douleurs musculaires et articulaires, etc.
  • D’autres symptômes peuvent également apparaitre : perte de poids, toux persistante, difficultés respiratoires, nodules d’Osler (nodules douloureuses apparaissant sur la pulpe des doigts ou des orteils), lésions de Janeway (plaques rouges indolores apparaissant sur la paume des mains et la plante des pieds), etc.
  • Des signes cardiaques : œdème des membres inférieurs, turgescence jugulaire, œdème aigu du poumon, insuffisance cardiaque, etc.
  • Des accidents vasculaires cérébraux dus à la formation de caillots sanguins (emboles)

Quels sont les facteurs de risques ?

L’endocardite peut toucher des personnes de tous âges, y compris les enfants, généralement à la suite de soins dentaires, mais les plus de 60 ans sont plus à risque vu que l’endothélium qui protège les valves cardiaques s’abime avec l’âge.

Même si cette affection peut également toucher des cœurs sains, les personnes qui présentent des antécédents cardiaques risquent plus facilement d’attraper l’endocardite : cardiopathie congénitale, transplantation cardiaque, port d’une prothèse valvulaire ou d’un stimulateur cardiaque, etc.

Les personnes dont le système immunitaire est affaibli par une maladie sont plus vulnérables ; ainsi que les diabétiques, ceux qui sont atteints de lupus (maladie auto-immune), de fièvre rhumatismale ou de rhumatisme cardiaque, d’hypertension artérielle ; mais également ceux qui souffrent d’alcoolisme chronique et de toxicomanie par voie intraveineuse.

Les procédures chirurgicales constituent également un facteur de risques, qu’il s’agisse de chirurgie dentaire invasive ou de chirurgie sur une muqueuse préalablement infectée.

Enfin, on constate également que les hommes sont deux fois plus touchés par cette maladie que les femmes pour des raisons encore inconnues.

Quelles sont les complications liées aux endocardites ?

Si la maladie n’est pas prise en charge rapidement, elle peut entraîner l’apparition d’une insuffisance cardiaque grave due à la destruction des valves, mais aussi d’une arythmie cardiaque, d’une septicémie ou infection généralisée.

Des morceaux de végétations (grappes de bactéries) peuvent également se détacher et en se déplaçant dans les vaisseaux, peuvent provoquer des embolies ou favoriser des foyers infectieux dans d’autres organes. Dans certains cas, l’endocardite peut, à cet effet, engendrer un accident vasculaire cérébral (AVC) lorsqu’un vaisseau sanguin du cerveau est bouché par l’un des fragments de caillot sanguin venant du cœur.

De la même manière, si l’endocardite n’est pas traitée, elle peut progresser et engendrer un problème d’irrigation en ce qui concerne l’ensemble des organes de l’organisme. De ce fait, cela peut entraîner des disfonctionnements conséquents au niveau de différents organes vitaux du corps, à l’exemple des reins, du foie, du cerveau, etc., du fait d’un manque de sang et d’oxygène.

Dans 15 à 20 % des cas, les endocardites infectieuses peuvent entraîner le décès du patient, en particulier lorsqu’elles apparaissent chez des personnes déjà atteintes de troubles cardiaques.

Comment prévenir l’endocardite ?

Les personnes à risque, par exemple, celles sujettes à certaines cardiopathies congénitales, porteurs d’une valve artificielle, ou ayant fait déjà une première endocardite doivent avant tout avoir une bonne hygiène dentaire. En effet, les bactéries à l’origine de l’endocardite arrivent souvent dans la circulation sanguine par le biais d’une lésion occasionnée par une mauvaise hygiène dentaire.

Ces personnes à risque doivent également éviter les piercings et les tatouages pour ne pas prendre le risque d’introduire des bactéries présentes sur la peau dans la circulation sanguine, et doivent consulter un médecin si une blessure quelconque met du temps à guérir.

Lorsqu’elles doivent subir une intervention médicale qui pourrait provoquer un risque d’introduction de bactéries dans leur sang, un traitement antibiotique préventif, une antibioprophylaxie, est préconisé. Il consiste à donner un traitement par antibiotiques aux patients à haut risque de développer une endocardite. Ce traitement a pour objet d’éliminer les bactéries qui pourraient passer dans le sang et atteindre le cœur au risque d’engendrer une endocardite. Toutefois, l’antibioprophylaxie elle-même pourrait provoquer la transmission de bactéries dans le sang. C’est ainsi qu’elle est actuellement restreinte au personnes à risques élevées et ne sont proposées que dans certains cas d’interventions dentaires. Néanmoins, ces patients peuvent demander à se faire prescrire des antibiotiques à titre préventif avant les soins dentaires où des incisions sont pratiquées, ou dans le cas d’autres interventions chirurgicales.

Comment diagnostiquer l’endocardite ?

Pour établir un diagnostic d’endocardite, outre les interrogations régulières sur le profil du patient, les symptômes et les antécédents médicaux, le médecin traitant peut faire demander des examens complémentaires spécifiques, à savoir :

  • Un échocardiogramme, il s’agit d’un test cardiaque qui permet de voir le cœur, ainsi que son fonctionnement. C’est le principal moyen de diagnostiquer une endocardite.
  • Si le médecin détecte une endocardite, on passe aux tests sanguins pour pouvoir identifier la présence de bactéries ou de champignons et déterminer leur type. Cette mesure est essentielle, car les traitements diffèrent selon le type d’infection.
  • Une échocardiographie : pour examiner les valvules cardiaques et les vaisseaux sanguins et détecter la présence d’une végétation sur la valve, d’un abcès, ou encore d’une perforation valvulaire.
  • Une électrocardiographie (ECG) : afin de déceler des problèmes de rythme cardiaque.
  • Des radiographies thoraciques, tomodensitométrie ou imagerie par résonance magnétique (IRM) qui vont permettre d’observer s’il existe des lésions physiques subies par le cœur ou par d’autres organes.

Quels sont les traitements préconisés en cas d’endocardite ?

Le traitement des endocardites infectieuses repose sur l’administration de très fortes doses d’antibiotiques ou d’antifongiques par voie intraveineuse. Ces médicaments sont généralement administrés de façon continue durant environ six semaines. Le but étant de stopper la multiplication des bactéries responsables de l’endocardite et de supprimer l’infection.

Le traitement de l’endocardite nécessite toujours une hospitalisation au début, mais après, l’administration du traitement peut se poursuivre à domicile.

Dans certains cas extrêmes où la valve atteinte a fortement été endommagée par l’infection, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire, soit pour la reconstruire, soit pour poser une prothèse valvulaire.